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L’Atelier des Marionnettes

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Mathis et sa petite sœur Léa n’avaient jamais aimé aller chez leur grand-oncle Victor. Sa maison, perchée au bord d’une forêt dense, était bien trop silencieuse à leur goût. Chaque fois qu’ils y allaient, leur mère leur disait de rester sages et de ne pas poser trop de questions.

Victor était un homme étrange, toujours vêtu de la même veste en laine brune et d’un pantalon usé. Il parlait peu et passait le plus clair de son temps dans son atelier, une pièce au fond de la maison dont la porte restait toujours fermée.

Ce soir-là, alors que leurs parents discutaient avec lui dans le salon, Mathis et Léa se retrouvèrent livrés à eux-mêmes. L’ennui les gagna rapidement. La télévision ne fonctionnait pas, il n’y avait aucun jeu, et les livres posés sur la table du couloir parlaient de choses qu’ils ne comprenaient même pas.

Léa tira sur la manche de son frère.

— Et si on allait voir ce qu’il cache dans son atelier ?

Mathis ouvrit de grands yeux.

— On n’a pas le droit.

— Juste un coup d’œil !

Elle n’attendit pas sa réponse et s’avança dans le couloir. Mathis hésita, puis la suivit à contre-cœur.

Arrivés devant la porte, Léa tendit la main vers la poignée.

— C’est fermé, chuchota-t-elle en tournant le loquet.

Mais contre toute attente, la porte s’ouvrit sans bruit.

L’atelier était plongé dans une lumière tamisée. Une odeur de bois et de vernis flottait dans l’air.

Sur les étagères, des outils étaient soigneusement rangés. Des morceaux de bois sculptés traînaient sur une grande table, à côté d’un pot de pinceaux et de pots de peinture à moitié ouverts.

Mais ce qui attira l’attention des enfants, ce furent les marionnettes.

Il y en avait partout.

Suspendues aux murs, posées sur des chaises, alignées sur des étagères. Certaines ressemblaient à des personnages de contes, d’autres avaient des visages si réalistes qu’on aurait dit qu’elles allaient parler d’un instant à l’autre.

Léa s’approcha de l’une d’elles, une marionnette aux cheveux noirs et aux grands yeux brillants.

— Elles sont tellement bien faites…

Mathis, lui, n’était pas aussi à l’aise.

— On a vu, on y va ?

Mais sa sœur tendit la main vers une autre marionnette, un petit garçon vêtu d’un costume rouge.

À cet instant, un bruit se fit entendre.

Un léger grincement.

Mathis se retourna brusquement.

— C’était quoi ?

Léa, figée, regardait autour d’elle.

Les marionnettes n’avaient pas bougé. Pourtant, quelque chose était différent.

Leur disposition.

Mathis était sûr que celle qui portait un chapeau bleu était tournée vers la table tout à l’heure.

Maintenant, elle les regardait.

Il avala sa salive et recula d’un pas.

Léa s’approcha d’une autre étagère.

— Regarde celle-là, elle est encore plus grande que moi !

Mathis ne voulait pas regarder.

— Léa, on part tout de suite.

Mais elle ne l’écoutait pas.

Elle tira doucement sur le bras d’une marionnette.

Un bruit sec résonna dans la pièce.

Une corde venait de tomber.

Et la marionnette s’affaissa lentement, comme si elle s’effondrait sur elle-même.

Puis… elle releva la tête.

Léa lâcha un cri et recula si vite qu’elle manqua de tomber.

La marionnette la fixait.

Elle venait de bouger.

Mathis attrapa la main de sa sœur.

— Cours !

Ils se précipitèrent vers la porte, mais avant qu’ils n’aient pu l’atteindre, les marionnettes tombèrent toutes en même temps dans un bruit assourdissant.

Certaines s’écrasèrent sur le sol.

D’autres restèrent suspendues, tordues dans des positions étranges.

Le silence retomba.

Mathis, la respiration coupée, chercha du regard un moyen de sortir.

Puis, lentement, les têtes des marionnettes se tournèrent vers eux.

Léa tremblait contre lui.

— Elles… elles nous regardent…

Une voix chuchota dans la pièce.

Ils ne comprirent pas ce qu’elle disait.

Mais une chose était sûre.

Ils n’étaient pas seuls.

Mathis attrapa sa sœur par le bras et l’entraîna vers la sortie.

Mais au moment où ils atteignirent la porte, elle se referma brutalement sous leurs yeux.

Ils tirèrent sur la poignée.

Verrouillée.

Derrière eux, un léger bruit se fit entendre.

Comme le froissement d’un vêtement en tissu.

Comme un pas qui se déplace sans toucher le sol.

Léa étouffa un sanglot.

Ils tournèrent lentement la tête.

Une des marionnettes avançait vers eux.

Elle ne marchait pas.

Elle glissait sur le sol.

Ses yeux, peints à la main, brillaient dans l’ombre.

Mathis frappa contre la porte.

— Ouvrez !

Rien.

Il se retourna à nouveau.

Les marionnettes s’étaient encore déplacées.

Elles formaient un demi-cercle autour d’eux.

Puis, dans un murmure, elles sourirent toutes en même temps.

La lumière de la pièce vacilla.

Un courant d’air glacial traversa l’atelier.

La porte s’ouvrit d’un coup.

Sans réfléchir, Mathis et Léa s’élancèrent hors de la pièce.

Ils dévalèrent le couloir et se jetèrent dans le salon, haletants.

Leur grand-oncle Victor les regarda avec surprise.

— Mais que faites-vous ?

Les enfants, tremblants, pointèrent le couloir du doigt.

— Tes… tes marionnettes… balbutia Léa.

Victor les fixa un instant.

Puis il posa sa tasse de thé avec un sourire étrange.

— Oh. Vous êtes allés voir ?

Il se leva lentement et se dirigea vers l’atelier.

Mathis et Léa échangèrent un regard paniqué.

Ils se précipitèrent à sa suite.

Mais lorsqu’ils arrivèrent devant la porte…

L’atelier était vide.

Les marionnettes étaient à leur place.

Alignées parfaitement.

Comme si elles n’avaient jamais bougé.

Victor leur lança un regard amusé.

— Vous devez être fatigués.

Mathis ouvrit la bouche pour protester, mais un détail attira son attention.

Au fond de la pièce, posée sur une étagère, il y avait une nouvelle marionnette.

Petite.

Habillée comme un enfant.

Elle avait les mêmes cheveux que Léa.

Il sentit son estomac se nouer.

Sa sœur, blême, recula d’un pas.

Victor referma lentement la porte de l’atelier.

— Il est tard. Il vaut mieux aller dormir.

Mathis ne répondit pas.

Il savait qu’il ne reviendrait jamais ici.

Mais quelque part, il savait aussi qu’il était déjà trop tard.

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