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Le Fantôme du Brouillard
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Chaque week-end, Léo passait la journée chez son grand-père, dans un vieux manoir un peu délabré, perché sur une colline au bord de la ville. L’endroit grinçait de partout, les couloirs étaient longs et sombres, et il y avait toujours un courant d’air qui soufflait sous les portes, même en plein été. Son grand-père lui répétait que c’était simplement le bois qui travaillait, mais Léo savait bien que quelque chose d’autre hantait ces murs.
Il n’avait jamais osé en parler, mais parfois, alors qu’il montait l’escalier en colimaçon, il avait l’impression que quelqu’un le suivait. Quand il ouvrait une porte trop vite, il lui semblait apercevoir une silhouette blanche filer dans l’ombre. Et surtout, chaque soir, avant d’aller se coucher, il entendait des chuchotements venir du grenier.
Mais ce matin-là, en ouvrant les volets, il découvrit que la maison était plongée dans un épais brouillard.
Dehors, on ne distinguait plus rien. La rue, les arbres du jardin, même la grille en fer forgé au bout de l’allée avaient disparu dans une brume blanche et dense. On aurait dit que la ville elle-même s’était évaporée.
— Ah, un bon vieux brouillard, grogna son grand-père en déposant une tasse de chocolat chaud devant lui. On ne voit pas à trois mètres.
Léo aimait bien le brouillard d’habitude, mais celui-ci lui donnait un drôle de sentiment. Il était plus épais que d’ordinaire, comme vivant, presque trop silencieux.
— Tu peux sortir un peu si tu veux, ajouta son grand-père. Fais juste attention de ne pas t’éloigner trop.
Léo hésita, mais sa curiosité l’emporta. Il enfila son manteau, poussa la lourde porte du manoir et s’avança sur le perron.
C’était comme marcher dans du coton.
Chaque bruit semblait étouffé, comme si la brume avalait le son. Il descendit les marches et s’aventura sur le sentier qui menait à la grille. L’air était humide, chargé d’une odeur étrange, un mélange de terre mouillée et de vieille pierre.
Puis, il entendit un murmure.
Il se figea net.
Le son venait de quelque part devant lui, dans le brouillard. Une voix douce, à peine audible.
— Qui est là ? lança-t-il, en avançant prudemment.
Aucune réponse.
Il continua malgré tout, avançant pas à pas. Le brouillard semblait s’épaissir encore, si bien qu’il ne voyait plus le manoir derrière lui. Seuls les graviers sous ses pieds lui rappelaient qu’il était toujours sur le sentier.
Puis, soudain, il distingua une silhouette.
Blanche. Flottante.
Quelqu’un… ou quelque chose… était là, juste devant lui.
Léo recula d’un pas, le cœur battant à tout rompre.
La silhouette ne bougeait pas. Elle se tenait droite, immobile au milieu du brouillard. On ne voyait ni son visage ni ses mains, seulement une forme voilée, comme une ombre découpée dans la brume.
Il ouvrit la bouche pour parler, mais la chose glissa lentement vers lui sans un bruit.
Cette fois, il paniqua pour de bon et se retourna d’un coup, prêt à courir vers le manoir. Mais au même instant, un second murmure résonna derrière lui.
Il se retourna brusquement.
Il y avait une autre ombre.
Puis une autre.
Trois. Quatre.
Elles sortaient du brouillard, silencieuses, avançant sans un bruit.
Léo recula, mais il ne savait plus où aller. Il ne voyait plus rien. Les voix chuchotaient maintenant tout autour de lui.
Il n’osait plus bouger.
C’est alors qu’une des ombres s’approcha encore plus près. Un visage apparut.
Un visage pâle, aux yeux vides, avec une bouche entrouverte qui semblait vouloir lui parler.
— Tu es perdu… chuchota la voix.
Léo sentit un frisson glacial lui parcourir l’échine.
— Tu es comme nous… continua l’ombre.
Il secoua la tête, le souffle court.
— Non… je… je ne suis pas perdu, balbutia-t-il.
— Oh… murmura l’ombre. Alors pourquoi es-tu ici ?
Il ouvrit la bouche… mais il n’avait pas de réponse. Pourquoi était-il venu ? Qu’espérait-il trouver ?
Les silhouettes se rapprochèrent encore. Le brouillard les avalait et les révélait tour à tour.
Soudain, un bruit retentit derrière lui.
Ding… Ding…
C’était la cloche du manoir.
Léo se retourna et aperçut une lueur dans le brouillard.
Le perron !
Sans réfléchir, il se mit à courir. Il ne savait même pas s’il allait dans la bonne direction, mais il suivait la lumière.
Derrière lui, les voix s’élevaient, plus nombreuses, plus pressantes.
— Reste avec nous…
— Ne pars pas…
— Tu es l’un des nôtres…
Il courut encore, ses jambes flageolantes.
Puis, enfin, il distingua les marches du manoir. Il bondit sur la première, puis sur la deuxième. Il ouvrit la porte à toute volée et la claqua derrière lui.
Le silence tomba.
Le cœur battant, il se retourna lentement.
Il regarda par la fenêtre.
Le brouillard était toujours là, épais et immobile, comme s’il n’avait jamais bougé.
— Alors, tu as fait un tour ? demanda son grand-père en repliant son journal.
Léo ouvrit la bouche… puis hésita.
— Oui… juste un petit tour, répondit-il finalement.
Son grand-père hocha la tête, l’air amusé.
— Ah, ce vieux brouillard… il joue des tours, parfois.
Léo ne répondit rien.
Son regard resta fixé sur la fenêtre.
Là, dehors, une ombre flottait encore dans la brume.
Et cette fois, elle le regardait.








